Le pilote et ses faiblesses…


Avec un recul de plusieurs décennies, les fragilités récurrentes des pilotes – qui entraînent des situations indésirables – sont connues. On les appelle des « menaces ». Elles sont internes quand elles concernent le pilote et externes quand elles proviennent de son environnement.  

Le modèle que vous découvrez ci-dessus regroupe les principaux éléments qui vont agir sur
votre performance. Chaque élément possède donc son côté positif avec ses « bonnes pratiques », et son côté négatif avec ses « menaces ». Vous retrouvez le pilote (en bleu), son environnement (en orange) et sa machine (en noir), ainsi qu'un élément sur le collectif avec la communication (en rouge).

Quels sont les remèdes ?
Pour chaque menace, il existe une « bonne pratique », ou une contre-mesure. Certaines d'entre elles sont appelées règles de l'art. Collons une rustine sur la « pression temporelle » et nous trouvons une « bonne pratique » qui doit atténuer ou éviter les conséquences de cette menace. Que la pression soit temporelle, organisationnelle, due à l'entourage ou à un facteur personnel, le remède est l'anticipation et une préparation rigoureuse du vol. C'est la clé d'une bonne analyse et de prises de décision rationnelles, l'urgence étant mauvaise conseillère.

Quelles sont les menaces externes à gérer ?

  • les conditions météo (environnement) avec le vent (de travers ?), le plafond, la visibilité, des orages ou de la turbulence, avec la nécessité de disposer de compétences personnelles spécifiques et d'appliquer certaines règles de sécurité (carburant pour se dérouter ?).
  • la configuration géographique : un environnement montagneux, l'absence de repères, un relief à proximité du tour de piste, de nombreuses zones réglementées…
  • l'aérodrome : est-ce une piste limitative ou au sol incertain (herbe mouillée avec dégradation de l'efficacité du freinage) ?
  • le trafic : un possible trafic important dans le circuit à l'arrivée, une fréquence encombrée, deux appareils sur la fréquence avec des indicatifs très semblables…
  • le contrôle aérien : une mauvaise réception, une erreur du contrôle ou un mauvaise interprétation d'une instruction…
  • autres menaces : le risque aviaire, des restrictions de vol (notam).

Les menaces organisationnelles

  • la machine : avoir une bonne connaissance de l'appareil utilisé, de ses équipements, gérer le carburant, évaluer l'état de l'appareil avec par exemple une menace latente comme une panne intermittente non reproduite au sol mais signalée par les pilotes précédents.
  • l'accès à l'information : la rencontre de problèmes informatiques pour préparer son vol, l'absence d'un instructeur pour valider un point précis de sa navigation.
  • les contraintes du vol : un retard subi dù à un retour tardif de votre avion ou une perte de temps à l'avitaillement avec d'autres appareils attendant devant vous, un changement d'aéronef suite à un problème technique sur l'appareil réservé.
  • d'autres menaces : la panne soudaine de la pompe à essence lors d'une étape prévue pour avitailler, la piste encombrée par un avion posé train rentré.

Les menaces internes
Elles sont liées au pilote, avec notamment comme paramètres son attitude (excès de confiance ?) et sa conscience de la situation (manque d'expérience ?). On entre dans les domaines de la physiologie et de la psychologie avec les réponses d'un individu face à la pression ou au stress (facteurs humains…). Il y est alors question de maîtrise personnelle, d'engagement de la part du pilote dans son activité aéronautique et d'attitude avec les différents profils à éviter (impulsif, anti-autorité, invulnérable, macho, résigné).

Evidemment, lors d'un seul vol, même en local, plusieurs menaces peuvent se combiner au même moment, imposant de mettre en place auparavant de « bonnes pratiques » passant notamment par la connaissance de ses propres limites, la recherche des conseils de pilotes plus expérimentés ou ayant rencontré des situations non désirables (lecture de Rex par exemple), la capacité à savoir renoncer à un vol, la volonté de conserver dans le temps
ses compétences théoriques et pratiques, sans oublier d'être prudent, vigilant et de lever
les doutes…  

par JEAN-GABRIEL CHARRIER 

 

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